Parmi l’incalculable nombre d’actifs anti-âge, l’un d’entre eux se démarque par sa réputation : le rétinol. Décrié par certains utilisateurs, car sensibilisant, il est en tout cas défendu par la science, qui le décrit comme le seul anti-âge réellement fiable. Que penser alors du rétinol et surtout, comment l’adopter ?
Qu’est-ce que le rétinol ?
Le rétinol est l’une des trois formes disponibles de la vitamine A, avec le rétinal et l’acide rétinoïque. Il fait partie de la classe des rétinoïdes, connus et employés depuis des décennies par les industries cosmétique et pharmaceutique pour leur action anti-âge et anti-acnéique.
Mais quelle différence entre ces trois formes de vitamine A ? Elle réside essentiellement dans leur structure chimique, qui leur confèrera plus ou moins d’efficacité.
- En tête de liste, l’acide rétinoïque, qui est la forme active de la vitamine A, et qui n’a donc pas besoin d’être transformé pour être efficace. Il n’est délivré que sur prescription médicale car, étant très puissant, il comporte de nombreux effets secondaires pour la peau. C’est essentiellement l’acide rétinoïque qui est utilisé dans les traitements topiques de l’acné.
- Ensuite, vient le rétinal. Cette forme de vitamine A se retrouve dans certains cosmétiques anti-âge, sous l’appellation rétinaldéhyde. Lors de la pénétration dans la peau, le rétinal se transforme en acide rétinoïque et agit comme tel, avec une puissance moindre.
- Le rétinol, troisième forme de vitamine A, requiert deux métabolisations pour être transformé en acide rétinoïque au niveau du derme. Son action sur la peau est donc moindre, mais c’est un mal pour un bien, car l’actif reste sensibilisant.
- Enfin, moins connus, les esthers de rétinol, ou pro-rétinol, dont les effets anti-âge et anti-imperfections sont relativement faibles par rapport à ceux du rétinol pur. Seul point fort : les cosmétiques anti-âge fabriqués à base d’esthers de rétinol conviennent parfaitement aux peaux très sensibles et réactives, ainsi qu’à l’application au niveau du contour des yeux.
Quelles sont les propriétés du rétinol ?
Le rétinol est amplement utilisé par l’industrie pharmaceutique et cosmétique pour son action anti-âge, antitaches et anti-acnéique.
L’effet anti-âge et anti-acné du rétinol est très simple à saisir : l’actif va booster le renouvellement cellulaire au niveau du derme (couche médiane de la peau), et ainsi raccourcir le cycle de régénération cutanée, qui est normalement de 30 jours. Cette régénération cellulaire rapide va entraîner une exfoliation naturelle de la partie supérieure de l’épiderme (typiquement, la couche cornée). C’est cette action kératolytique du rétinol qui permet d’éliminer les cellules mortes à la surface de l’épiderme, de désincruster les pores, de réguler la production de sébum et d’éliminer la bactérie responsable de l’acné, Cutibacterium acnes. Le rétinol joue donc sur deux leviers :
- Le renouvellement cellulaire et l’exfoliation, pour une peau régénérée, moins marquée, et un teint plus clair.
- La régulation de la séborrhée, la libération des pores et l’équilibre de la flore cutanée, pour une acné amoindrie.
Mais ce n’est pas tout : le rétinol stimule la production de collagène et d’acide hyaluronique, puisqu’il permet le renouvellement rapide des fibroblastes (synthèse des fibres élastiques de la peau) et des cellules mésenchymateuses, épithéliales et immunitaires (production de l’acide hyaluronique).
Le rétinol n’a donc pas qu’une fonction exfoliante, mais peut réellement être qualifié d’anti-âge. Les études l’affirment : il est aujourd’hui le meilleur actif pour prévenir et ralentir les signes de vieillissement cutané, de par ses qualités antioxydantes et régénératives.
Enfin, évoquons les qualités du rétinol sur l’hyperpigmentation. L’actif est en effet capable de neutraliser l’hyperproduction de mélanine en régulant l’activité des mélanocytes. C’est la raison pour laquelle il est recommandé pour traiter les taches d’hyperpigmentation, y compris post-acnéique.
Comment utiliser le rétinol ?
Enthousiasmée ? On vous comprend ! Au demeurant, avant de foncer tête baissée et d’intégrer le rétinol dans votre routine beauté et soin, voici un certain nombre de recommandations. Car l’utilisation du rétinol requiert la plus grande des prudences…
Première recommandation :
Pour juger de la tolérance de sa peau au rétinol, il est important de se montrer patiente. Lors de la phase de tolérance (2-3-mois), on peut observer des effets secondaires. L’épiderme, sous l’effet exfoliant de l’actif, va en effet s’affiner. En outre la peau va sembler plus sèche et présenter de possibles rougeurs. C’est la raison pour laquelle certaines personnes ont l’impression de « mal réagir » au rétinol et le qualifient de sensibilisant. Il faut donc y aller à tâtons et avec parcimonie. Si, à l’issue de la phase de tolérance, les effets secondaires sont toujours présents, mieux vaut arrêter le rétinol et choisir une autre alternative anti-âge.
Seconde recommandation :
Attention à l’application massive de rétinol ! Oui, si vous vous badigeonnez à outrance, vous risquez de déchanter. Mal utilisé, le rétinol assèche et irrite la peau. Il est donc primordial d’y aller pas à pas, de choisir une bonne formulation et un dosage adéquat et de s’en tenir scrupuleusement à une posologie.
Troisième recommandation :
Pour qu’il soit efficace et bien toléré, il est conseillé d’appliquer son rétinol sur une peau bien sèche. Lorsqu’appliqué sur une peau humide, le rétinol pénètre trop profondément dans le derme (puisqu’il s’agit une substance hydrophobe) et risque de causer des irritations peu souhaitables. Il s’agit donc de bien sécher sa peau, voire de patienter quelques minutes après le nettoyage de son visage, avant d’appliquer du rétinol.
Quatrième recommandation :
Le rétinol est mieux toléré lorsque la peau est bien hydratée. Trois méthodes sont alors préconisées :
- Soit appliquer son rétinol (par exemple, un sérum), puis sa crème hydratante habituelle.
- Soit appliquer son hydratant, patienter une petite demi-heure, puis appliquer sa solution au rétinol. Cette méthode convient particulièrement aux peaux très sensibles ou réactives, que le rétinol pourrait agresser.
- Soit appliquer une crème légèrement enrichie en rétinol, à condition bien sûr que le dosage soit maitrisé.
Cinquième recommandation :
L’intégration du rétinol dans sa routine de soin doit être progressive. On conseille de commencer par une application un jour sur deux, ainsi qu’une observation des réactions cutanées. Si la tolérance est bonne, on peut décider de maintenir cette fréquence, de passer à une application 2 jours sur 3, voire à une application quotidienne, après quelques semaines. S’il est irritant, on peut espacer les applications (tous les 3 à 4 jours), et/ou réduire la dose appliquée, voire la concentration. Quoi qu’il en soit, et indépendamment de la fréquence hebdomadaire d’application, l’important reste d’utiliser le rétinol sur la longueur, pour constater des résultats probants.
Sixième recommandation :
Le rétinol est un puissant actif anti-âge. Tellement puissant qu’il est vivement recommandé de ne pas l’associer à certains autres actifs, à l’instar des acides de fruits (AHA), de l’acide glycolique (anti-imperfections), de tous les gommages exfoliants et même de la vitamine C (surtout si vous avez la peau sensible). Cette recommandation prévaut particulièrement lors de la phase de tolérance. Ensuite, si vous constatez une bonne tolérance au rétinol, vous pouvez éventuellement réintroduire l’application d’un sérum à la vitamine C dans votre routine, à condition bien sûr de ne pas appliquer en chaîne rétinol et vitamine C (privilégiez le premier le soir, et le second le matin).
Dernière recommandation :
Le rétinol étant instable au contact de l’oxygène et de la lumière, et qui plus est photosensibilisant, il est indispensable d’y associer une protection solaire. Et ce, tous les jours. La meilleure option : utiliser sa solution au rétinol le soir, et appliquer un SPF le matin, de sorte que la peau soit parfaitement protégée contre les UV et ne réagisse pas.
Quand commencer à utiliser le rétinol ?
Pour son action anti-âge : dès l’âge de 25 ans, on peut envisager de débuter l’application de rétinol sur son visage. En effet c’est à cet âge que le cycle de régénération cellulaire commence à s’allonger et que la production de collagène cutané commence à décroître. Le phénomène de relâchement cutané, responsable des rides, de la perte de volume et de densité, démarre bel et bien à un jeune âge !
Pour son action anti-acnéique : si l’utilisation de rétinol vise à traiter une acné, alors l’âge importe peu. La décision appartiendra à un dermatologue de prescrire (ou pas, tout dépendant de la gravité de l’acné) de l’acide rétinoïque et ce, quel que soit l’âge.
À préciser : les effets du rétinol sur la peau sont visibles relativement rapidement : on peut ainsi constater une amélioration de la qualité de sa peau après deux mois.
Sous quelle forme utiliser le rétinol ?
Forme et dosage :
S’agissant des cosmétiques, vous trouverez trois formes de rétinol possibles :
- Les esthers de rétinol (retinyl propionate, retinyl palmitate, retinyl acetate…), qui sont les plus doux.
- Le rétinol pur
- Le rétinaldéhyde, le plus puissant des trois mentionnés.
Si votre choix s’arrête sur du rétinol pur, il est conseillé de privilégier un soin traitant, une huile ou un sérum dosé à 0,3-1% de rétinol, et de l’appliquer le soir. Une fois encore, un trop fort dosage risque de causer des dommages à la peau, plutôt que de la sublimer. Si vous préférez une crème hydratante enrichie en rétinol, choisissez un micro-dosage entre 0,01 et 0,2%. À préciser que pour compenser l’effet possiblement irritant du rétinol, il est conseillé d’utiliser, en routine de jour, une hydratation efficace doublée d’une protection UV.
Enfin, pour traiter le contour de l’œil et prévenir la formation des pattes d’oie, il est conseillé de privilégier un soin aux esthers de rétinol (pro-rétinol) plutôt que du rétinol pur.
Rétinol et association avec d’autres actifs
Il est tout à fait possible d’associer le rétinol avec d’autres actifs, mais tout va dépendre de celui qu’on choisit. Par exemple, rétinol et niacinamide font plutôt bon ménage. La niacinamide, alias vitamine B3, utilisée entre autres comme un anti-âge, convient particulièrement aux peaux sensibles. Elle permet en effet de contrecarrer les effets sensibilisants du rétinol, en boostant la production de céramides.
On peut également penser à l’acide hyaluronique qui, en bon humectant, va permettre de maintenir la peau hydratée. Car oui, le rétinol a tendance à assécher l’épiderme, surtout pendant la phase de tolérance. Combiner acide hyaluronique et vitamine A semble donc tout indiqué.